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mercredi 27 mars 2019

Renaissance

Pour rouvrir un peu cette catégorie, je souhaitais proposer quelque chose de simple et d'en même temps travaillé. J'ai donc un extrait de pièce de théâtre que j'avais rédigé il y a quelque temps, dans le cadre d'une masterclass, et que j'ai retravaillé pour vous.


Renaissance 


(Deux filles -Lucie et Céleste- sont sur scène. Elles semblent être très proche.)

Lucie : Depuis tant d’année on rêvait de se rencontrer. De se voir, en vrai !
Céleste : Et maintenant c’est fait ! Je peux mourir en paix (rit)
Lucie : (semble un peu inquiète) Bien sûr que tu ne peux pas ! Ne plaisante pas avec ça.
Céleste : Pardon, p’tite soeur.
Lucie : (saute de joie) Je rêvais de t’entendre dire ça en vrai ! En vrai, excepté avec ma meilleure amie, être ta soeur de coeur est le seul titre qui me tient à coeur !
Céleste : (la prend dans ses bras) Merci, sweetie. Merci pour tout. Et surtout, merci pour cette nuit-là. Celle où je voulais tout laisser tomber.
Lucie : Sept novembre 2017. Je m’en souviens.
Céleste : Ce jour là, il y avait de l’orage…
Lucie : Et Dieu sait que tu as peur de l’orage. Tu m’as envoyé un message en pleurant sous ta couette.
Céleste : Maintenant on en rigole, mais je faisais moins la maligne ce jour-là.
Lucie : Parce que tu étais vraiment, vraiment très triste.
Céleste : Je m’étais disputée avec ma mère.
Lucie : Tu te disputes souvent avec ta mère !
Céleste : Oui, mais là, c’était horrible. Je lui en voulais d’avoir détruit mes illusions. De traverser une crise de la quarantaine, et de me montrer que tous les adultes passent par là.
Lucie : Ouais, et toi, t’avais vraiment pas envie de passer par là.
Céleste : Qu’est ce que j’avais dit déjà ?
Lucie : “Lucie, honnête, je préfère avoir un accident à 17 ans que de devenir une travailleuse blasée, avec son loyer à payer, ses gosse qui lui trouent le cul et tellement de désillusions qu'elle s'étouffe avec”
(Les deux filles rigolent)
Céleste : Bon, ça aussi, on en rigole aujourd’hui mais qu’est ce que je pleurais cette nuit-là !
Lucie : Tu te souviens de ce que j’ai répondu ?
Céleste : “Viens avec nous parcourir le monde, alors”. Et puis tu m’as dit à quel point tu tenais à moi, et à quel point passer par la fenêtre était une solution de merde.
Lucie : J’ai eu peur pour toi ce jour-là. J’ai cru que tu allais vraiment te jeter par une fenêtre.
Céleste : Sincèrement ? J’ai cru aussi. Mais ce soir là, je suis restée pour toi. Et on s’est fait des dizaines de promesses, et c’était magnifique !
Lucie : Quelque chose a changé ce jour là.
Céleste : Pour toi ?
Lucie : Ouais. Ce jour là, moi j’ai compris que tu avais besoin de moi. Comme c’est moi la petite soeur dans notre histoire, j’étais sûre et certaine que j’étais la seule en position de faiblesse. Mais cette fois-ci, pour la première fois, c’est toi qui me confiait tes démons, et c’était à moi de te sauver. Je n’étais pas habituée à ce rôle là, moi. Je me suis rendue compte que j’étais utile, et nécessaire, pas seulement aimée. J’ai réalisé que sans moi, tout aurait été différent. Et donc, que j’étais obligée de rester.
Céleste : (face publique)  Moi, j’ai compris que vivre ça valait le coup. Qu’avancer était le seul chemin. Que la vie était un jeu ou je pouvais gagner. Quand je vois où j’en suis aujourd’hui, je me dis que rien n’a changé. J’ai toujours peur de l’orage, et j’ai appris que l’on n’arrête d’avoir le vertige que quand on se sent attiré par le vide. Je suis toujours une enfant, un peu trop naïve, beaucoup trop immature, beaucoup trop dramatique. Et puis je cligne des yeux, et je regarde ma vie. Parce que finalement, beaucoup de choses ont changé. Moi, j’ai changé. Je suis capable de me défendre, je me connais mieux, j’ai moins peur. Je suis moins fragile aussi. J’ai rencontré ma petite soeur de coeur en vrai. J’ai une petite amie, maintenant, et je me sens prête à affronter le monde. J’ai envie de vivre. Grâce à cette nuit là. Sept novembre 2017.

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